Le temps des fossoyeurs

Alors que l’islamisme radical est combattu avec vigueur dans le monde entier, y compris par ses principaux promoteurs, les wahhabites saoudiens, en Algérie, il revient sur le devant de la scène, encouragé depuis une décennie par un pouvoir qui n’a pas le sens du patriotisme et qui n’a pas à cœur les intérêts supérieurs du pays. Les initiatives criminelles se multiplient en ce sens.

La dernière en date est rapportée par le quotidien L’Expression : le responsable de la cellule de communication du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, Ada Fellah, cité par le journal, a annoncé la création d’un «comité d’accueil des exilés de l’ex-FIS dissous». Il ne précise pas si l’initiative a été prise par le département de Bouabdallah Ghlamallah.

Si c’est le cas, nous aurons la preuve que ce ministre nage un peu trop en eaux troubles. Et si c’est faux, on attend de lui qu’il désavoue le plus rapidement possible le sieur Fellah avant de le débarquer de son ministère pour ne pas être accusé de complicité. Les propos de l’individu en question ne sont pas à isoler du contexte général visant à remettre en selle des gens qui ont mis l’Algérie à feu et sang et, au lieu de croupir dans les prisons, multiplient les provocations, et ce, grâce à la complaisance d’un régime ennemi de la démocratie et de la dignité des Algériens.

Sinon, comment comprendre qu’on parle «d’amnistie générale» alors que les gens du FIS dissous refusent de demander pardon au peuple algérien ? Comment ne pas craindre pour l’avenir de cette Algérie lorsqu’un assassin comme Belhadjar ose dire qu’il travaille, avec d’autres assassins, à la réhabilitation du parti de Abassi Madani ? Et voilà que Hachemi Sahnouni, dont on a cru la voix éteinte, se met lui aussi de la partie en semant la fitna et en appelant les jeunes à aller détruire les bars. Tout ceci entre dans une préparation psychologique orchestrée par la tendance pro-islamiste du régime en vue de baliser le terrain pour les tueurs d’hier. On parle ainsi du retour de Anouar Haddam, qui a été «ministre des affaires étrangères au GIA» et qui a applaudi à l’assassinat de Boucebci et à l’attentat du boulevard Amirouche.

Si l’on n’y prend garde, les fossoyeurs de l’Algérie seront bientôt à l’œuvre et reprendront leur travail de destruction de l’Etat, eux qui ne croient qu’en la oumma. La menace se précise de plus en plus, avec la bénédiction d’une présidence de la République qui ne croit pas en l’Algérie et qui est plus soucieuse de ses attaches avec les monarchies moyenâgeuses du Golfe.

Tayeb Belghiche